La lumière à l'?uvre | Rose FRICAUD

Atelier d'arts plastiques dirigé par Jean-Baptiste SAVOY | Décembre 2020

Réflexion d’inspiration

"Thème large. Trop de possibilités, trop d’idées, j’en saisis une. Elle ne me convient pas. Je cours derrière une deuxième, elle est trop noire. Une autre me semble trop lumineuse. Je cherche, je fouille, je farfouille ! Rien ne me convient. Je réfléchis.

Toujours la même rengaine. J’aime dessiner, mais je ne suis jamais confiante lors des rendus artistiques. Je ne sais jamais par quel morceau commencer.

Je vois que tout le monde crayonne dès l’annonce du thème. Moi, je pars dans mes pensées. Je divague.

J’essaie de me représenter les pensées de mes camarades et celles de mon professeur. J’ai peur du jugement, alors je n'ose pas formuler mes idées.

De toute fa?on celles-ci ne dépassent jamais le stade embryonnaire. Je n’arrive jamais à représenter ce que je pense, même ce que je vois. Je me sens médiocre.



L’annonce de ce deuxième confinement ne facilite pas les choses. La horde de questions dont j’essaie de m’extraire chaque jour revient au galop. Mes émotions sont confuses.

Mon humeur est déchirée par cette confusion, pourtant ma colère reste dominante. Elle prime. Elle méprise les autres. Elle se dresse telle une montagne, assombrissant tout ce qui l’entoure. Elle ne cesse de me tourmenter, de me harceler.

Je suis en colère. En colère contre les mesures sanitaires, en colère contre les lois votées, en colère contre l’inaction de la masse populaire, en colère contre notre représentation politique, en colère contre la jeunesse qui m’a été volée…

Je rumine, je peste, je chante. Rien ne contribue à la faire passer. Ce bouillonnement intérieur est dévastateur.


J’essaie de trouver des repères parmi les piliers qui composent ma personnalité. Trop tard, il ne laisse que des débris derrière lui. Je les regarde. Je ne regrette pas. Le temps d’avant me parait inaccessible. Dans ce noir le plus complet, je cherche ma lumière.

Puis des dates, le retour de certains proches, l’annonce des fêtes de fin d’année, le tunnel s’estompe. Il se teinte de gris, je vois des nuances. J’arrive à prendre du recul sur ma personne. Je ne parviens pas à calmer entièrement cette colère, mais j’avance.

Je reste convaincue que pendant ces temps d’enfermement chacun possède une source de lumière."

 

Démarche

"J’ai essayé par ces différentes vignettes de représenter la source de lumière que chacun a pu avoir pendant ce mois de confinement. J’ai voulu travailler avec de la matière. J’ai donc commencé par recouvrir ma feuille d’encre de chine pour avoir un fond foncé et uni.

Dessus, j’ai utilisé dans un premiers temps des crayons noirs secs, pour faire l’esquisse du dessin. Puis, j’ai ajouté progressivement de la matière avec des pastels secs, et du fusain.

Les sources de lumière sont essentiellement dessinées aux pastels secs clairs. Pour finir, j’ai passé du cerne-relief noir sur certaines formes pour les distinguer."